L'Opéra de Lyon s'était penché sur la question de son impact économique sur le territoire il y a quelques années pour arriver aux même conclusions, mais cette fois l'étude est beaucoup plus large : le 9 juin dernier, la Haute école de gestion de Genève publiait les résultats d'une étude sur le poids de "l’économie créative et culturelle (ECC)" menée par José Ramirez, professeur d’économie d’entreprise à la HEG, sur mandat conjoint de la Ville et du Canton, ainsi que du Département de la culture et du sport (DCS) et du Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP).
En s'intéressant à l'impact économiques de métiers liés à la production artistique (théâtre, musique, écriture, etc.), cette étude va à l'encontre d'un certain nombre d'idées reçues – notamment le fait que le domaine artistique soit un secteur de dépense, par conséquent non rentable. Comparés aux 30 000 emplois du secteur de la finance, la culture n'a pas à rougir avec 27 866 postes, soit 7,6% de l’ensemble des actifs du canton (6,8% en équivalents temps-plein). Certes, la musique n'est pas seule à peser dans la balance. Associée traditionnellement au théâtre, à la danse, à l'édition de livres, elle est au cœur de l'étude en tant que production artistique brute. Un second cercle réunit la diffusion et la commercialisation de ces biens, comme les revenus liés à la billetterie de spectacles, diffusion de titres de presse etc. Un dernier cercle concerne la gestion, l’administration et la formation. Surprise donc : Avec 4,5 milliards de francs, soit 9,5% du produit intérieur brut (PIB) du canton, l'ECC offre des retombées bien supérieures aux subventions publiques (estimées environ à 400 millions de francs) …1. De quoi faire taire bien des polémiques 2.
L'autre actualité concerne l'arrivée d'un Zurichois de 43 ans, actuellement à la tête de l’Opéra des Flandres, et qui prendra dans deux ans la suite de Tobias Richter à la direction du Grand Théâtre de Genève. La réputation qui précède Aviel Cahn nous laisse envisager une ère particulièrement prolifique et ouverte pour l'institution genevoise. En poste depuis 2009, il a fait de l'opéra des Flandres un lieu de vie et d'énergies créatrices qui s'accommode très bien des polémiques qu'elles ont pu engendrer. Après une carrière brillante de juriste, il dirige à 30 ans l'opéra de Berne, après avoir été responsable de casting à l’Opéra national de Finlande. Son flair et son influence lui permettent d'attirer à Anvers et Gand la fine fleur des metteurs en scène, dont Calixto Bieito, Jan Fabre, David Bösch, Peter Konwitschny ou encore Tatjana Gürbaca sans rien céder de l’exigence musicale. Ces dernières semaines, la dernière création (Infinite now) de Chaya Czernowin y côtoyait un turbulent Sadko de Rimski Korsakov signé Daniel Kramer. En portant au cœur de l’institution lyrique le fer audacieux de l'avant-garde, Aviel Cahn a profondément renouvelé les programmes et participé à un net rajeunissement du public. Qu'il reçoive ici tous nos vœux et nos suffrages.
References
Cet article a été écrit par Guy Cherqui et David Verdier