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Ehrt eure österreichischer Meister !

Une Septième de Bruckner dans la grande tradition

Ehrt eure österreichischer Meister !

Guillaume Delcourt — 27 avril 2022

Programme

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie no 7 en mi majeur (1883) - Nowak (1954)

Sveriges Radios Symfoniorkester
(Orchestre symphonique de la radio suédoise)
Direction musicale: Leopold Hager

Berwaldhallen
Berwaldhallen, Dag Hammarskjölds väg, Stockholm, Suède
Fiche du lieu
Stockholm, Berwaldhallen, mercredi 6 avril 2022, 19h

Est-il nécessaire d’avoir un chef d’orchestre autrichien pour nous donner à entendre Bruckner ? Évidemment non. Mais ça aide.
C’est un programme à la fois court et copieux, auquel nous convie Berwaldhallen, ce mercredi soir.  La 7e de Bruckner, sèche, et en soirée unique. On peut s’étonner qu’à une époque où les enjeux climatiques sont si prégnants, on demande à un chef autrichien de venir en Suède pour une représentation d’un soir mais peut-être que Bruckner et l’Orchestre de la Radio Suédoise, sans oublier le public, le valaient bien.
 

 

 

C’est donc au vétéran Leopold Hager, classe 1935, que le bâton est confié et dès le premier mouvement, les rumeurs en coulisse, qui annonçaient un orchestre au meilleur de sa forme, se voient confirmées.

Leopold Hager fait partie de la vieille école de direction, dénuée de gesticulations signifiantes… à direction du public mais qui tient le rythme, veille à tout, jetant nombreux coups d’œil en contrôle sur sa (très petite) partition et prouve que si le boulot a, sans doute, largement été fait en répétition, il dirige au cordeau les ajustements en temps réel.

Car c’est sans doute cela la leçon de ce soir : Bruckner, c’est un souffle, une tension, une énergie vitale dont il faut contrôler sans cesse le flux.

Pas d’effets de manche donc, pas de suspension, pas d’élans factices : le texte, rien que le texte. Alors on est submergé par cet océan de cordes, magnifiques, lors de l’Allegro Moderato, par ces sonorités magiques qui évoquent Lohengrin ou Parsifal mais dans leur essence, plutôt que la simple citation ou référence. Hager veille à articuler le discours, à ne pas se laisser (et nous laisser) submerger par les masses orchestrales, tient les équilibres, tout en évitant le sentimentalisme.

Idem dans l’Adagio alors qu’il serait si tentant de tirer vers un romantisme de cinoche (La mort du Maître Richard inspirant à Bruckner son œuvre, l’hommage radiophonique à Hitler…). Hager joue l’équilibriste et accentue le côté pastoral, bucolique du deuxième mouvement. C’est peut-être le moment le plus touchant, a contrario du concert tout de musique dite pure : faire jouer et donner à entendre une musique des vertes prairies et des montagnes, des vents d’été légers (superbes flûtes). Évidemment nous aurons notre quota de cuivres (les fameux wagner tuben), cette couleur Rheingold qui peint l’hommage, et la dette, à Wagner mais sans tambours, ni trombones… si j’ose l’écrire. On est envahi par ce son si caractéristique mais sans être soufflé… si ce n’est par la maestria.

Après cet hommage digne et ses bouffées d’air pur, le scherzo libère d’autres réminiscences du jeune Siegfried, éternel bateleur du Rhin, les traversées d’un feu magique. Hager en tire un mouvement énergique, respiration commune d’un orchestre au diapason, bougeant comme un seul homme. Comme chez Wagner, on apprécie aussi les silences d’un orchestre, les répartitions bien quadrillées par pupitre et Hager rend tout cela lisible et profitable.

Reste un finale abordé comme une étonnante pastorale, lacérée aussi par ses tutti d’orgues, admirablement équilibrés, et là encore on se dit que les balades dans les paysages autrichiens et  les visites dominicales d’églises, qui ont dû bercer Hager, comptent beaucoup dans l’interprétation de ce soir.

Tel était sans doute le message du soir : donner à entendre Bruckner, en le tirant plus vers Beethoven que vers Wagner, s’effacer en tant que chef pour laisser parler la musique, via l’orchestre, et la colorer légèrement de teintes pastorales, d’une nature autrichienne, verte et grandiose, dont on a bien besoin en ces temps plus que moroses. La classe 1935 ? La grande classe.

Leopold Hager

Crédits photo : © Arne Hyckenberg

Cet article a été écrit par Guillaume Delcourt

Leopold HagerSveriges Radios Symfoniorkester

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