Programme
W.A.Mozart (1756-1791)
Le nozze di Figaro (1786), ouverture
Franz-Joseph Haydn (1732-1809)
Concerto pour violoncelle et orchestre n°1 en do majeur Hob.VIIb.1 (1762)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 7 en la majeur op.92
Orchestra Giovanile Italiana
Daniele Rustioni, direction
Après une première soirée marquée par la première des deux représentations prévues de Cenerentola (la seconde concluant la manifestation, le samedi 29 août), l’édition 2020 du New Generation Festival, à Florence, se poursuivait le lendemain, jeudi 27 août, avec un concert symphonique Mozart, Haydn, Beethven
Concert symphonique, oui, mais non sans un petit rappel lyrique, puisque le programme s’ouvre sur l’ouverture des Noces de Figaro, l’opéra de Mozart ayant d’ailleurs été représenté lors de l’édition précédente du festival. Et c’est l’actuel directeur musical de l’Opéra de Lyon qui tient la baguette. Ce n’est pourtant sans doute pas à ce titre que Daniele Rustioni a été convié à diriger ce concert, mais bien plutôt parce que ce Milanais de 36 ans est depuis neuf ans chef principal de l’Orchestra Regionale della Toscana, et donc un peu chez lui à Florence aussi.
Bien que son répertoire lyrique soit désormais de plus en plus centré sur le XIXe siècle, Daniele Rustioni a eu l’occasion de diriger des opéras de Mozart en fosse ; pour ce concert, il choisit pourtant une lecture moins strictement théâtrale que rigoureuse, sans se laisser entraîner par une frénésie qui pourrait se révéler défavorable à la netteté de l’exécution.
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Erica Piccotti
Vient ensuite le premier concerto pour violoncelle de Haydn : Erica Piccotti y impose un jeu nerveux, qui viendrait presque bousculer le bel ordonnancement voulu par le chef. Agée d’à peine plus de 20 ans, ancienne élève de l’Accademia Nazionale Santa Cecilia, la violoncelliste italienne a été nommée « Young Artist of the Year » par le jury des International Classical Music Awards 2020. Chaleureusement applaudie à l’issue du concerto de Haydn, elle offre en bis une pièce de Kódaly pour violoncelle seul, dont la sauvagerie achève de nous éloigner de la clarté de lignes mozartienne.
L’Orchestra Giovanile Italiana est une formation créée en 1984 par Piero Farulli dans le cadre de la Scuola di Musica di Fiesole qu’il avait lui-même fondée en 1974. Cet établissement situé à quelques kilomètres de Florence compte parmi les plus prestigieuses institutions d’enseignement musical d’Europe, il a été soutenu par les plus grands chefs italiens (Claudio Abbado hier, Daniele Gatti aujourd’hui), et les plus grands solistes (Maurizio Pollini, etc.). Tandis que Riccardo Muti défend, lui, son Orchestra Giovanile Luigi Cherubini créé en 2004, l’OGI est présent dans diverses manifestations, notamment le Festival des deux mondes, à Spoleto, depuis plusieurs années.
Après avoir commencé au grand complet pour Mozart, l’orchestre a vu se replier en coulisses bon nombre de ses instrumentistes pour Haydn. Peut-être à cause d’une fraîcheur plus sensible que la veille, les instruments semblent avoir du mal à rester au diapason, et plusieurs réaccords s’imposent au cours de la soirée, y compris entre les mouvements de la Septième Symphonie de Beethoven qui conclut le concert, contribution au deux-cent-cinquantième anniversaire de la naissance du maître de Bonn.
Après s’être montré plus circonspect dans les deux premières pièces, Daniele Rustioni paraît libérer toute son énergie dans cette œuvre qui, comparée à celles qui ont précédé, apparaît comme un monde en soi, et que ses premiers auditeurs ont dû considérer comme un monstre, comme un objet musical non identifié, avec ses brusques ruptures, ses répétitions obsédantes.
Malgré quelques bruits parasites – la sonorisation imposée par le lieu ne nous épargne hélas aucune tourne de page, aucune chute d’objet –, on reste sous le choc après la brillante et vigoureuse interprétation proposée par une formation juvénile (et locale) dirigée par un Florentin d’adoption. L’auditoire s’est aussi montré beaucoup plus attentif que la veille. En effet, beaucoup de spectateurs n’étaient pas revenus après l’entracte de Cenerentola, ce qui soulève la question du principe adopté pour cette édition transportée dans les jardins du Palais Pitti : toutes les places pour le spectacle inaugural ayant été mises gratuitement à la disposition du public (et raflées en deux heures), la motivation de certains spectateurs semble pour le moins sujette à caution…
© Laure Jacquemin (Erica Piccotti)
Cet article a été écrit par Laurent Bury