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Un coup d'épée dans l'eau

Morgen de Elsa Dreisig, Erato

Un coup d'épée dans l'eau

François Lesueur — 30 avril 2020

Elsa Dreisig, soprano et Jonathan Ware, piano

« Morgen »

Mélodies de Henri Duparc (1848-1933), Richard Strauss (1864-1949) et Sergei Rachmaninov (1873-1943)

Henri Duparc L’Invitation au voyage
Richard Strauss Frühling (Vier letzte Lieder, n° 1)
Sergei Rachmaninov Margaritki
Richard Strauss Malven
Henri Duparc Phidylé
Sergei Rachmaninov Krysolov
Richard Strauss September (Vier letzte Lieder, n° 2)
Sergei Rachmaninov Notchiou v sadou
Henri Duparc Sérénade Florentine/Aux étoiles/Chanson triste/Extase
Richard Strauss Beim Schlafengehen (Vier letzte Lieder, n° 3)
Sergei Rachmaninov K nieï/Son/A-ou
Henri Duparc La Vie antérieure
Richard Strauss Im abendrot (Vier letzte Lieder, n° 4)/Morgen !

Enregistré à Paris, église luthérienne Saint-Pierre du 2 au 11 juillet 2019

1cd Erato 0190295319489 – 76’50

Enregistré à Paris, église luthérienne Saint-Pierre du 2 au 11 juillet 2019

A l’heure ou l’industrie discographique va si mal et que de nombreux labels tentent de ses démarquer avec des projets innovants, certaines écuries s’obstinent à reproduire les modèles – et les erreurs – du passé. C’est le cas d’Erato qui, en voulant promouvoir un nouveau talent, en l’occurrence celui d’Elsa Dreisig, a préféré recourir aux bonnes vieilles recettes du récital de mélodies au risque de banaliser un exercice nécessaire qui demande plus que jamais la plus grande attention.  

Seconde proposition discographique d’Elsa Dreisig, après un galop d’essai moyennement convaincant (Miroir(s) airs d’opéras publié en 2018), l’album « Morgen » tente une percée dans le monde de la mélodie. Dans un secteur musical qui prend l’eau de toutes parts, on peut voir dans ce geste une réelle marque de confiance de la part du label Erato envers sa toute jeune protégée ; mais comment ne pas s’élever contre l’absence de direction artistique qui entoure cet enregistrement ? Que l’artiste ait envie de montrer au public une autre facette de son talent est honorable, encore faut-il que le choix des œuvres et leur accompagnement lui permettent de se présenter sous son meilleur jour, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. Nimbé sous une épaisse couche cotonneuse, l’ensemble du programme privé de couleur, de respiration, souffre d’un ton monocorde et uniforme, l’atmosphère définie une fois pour toute asphyxiant littéralement chaque mélodie. Le recours à un même tempo languide dans lequel se réfugie Jonathan Ware ne permet pas de distinguer les univers musicaux pourtant contrastés de Duparc, Strauss ou Rachmaninov, seules les langues employées nous informant sur la nationalité des compositeurs.
Moins sensible à la scène où Elsa Dreisig fait preuve d’une certaine énergie, l’absence de dynamique de son instrument devient extrêmement gênante en studio. La mollesse de l’émission est ainsi décuplée dans le très exposé « Frühling », premier des Quatre derniers lieder de Strauss, comme plus loin dans « Malven » qui coule sans retenue et sans relief, « La sérénade florentine » de Duparc se laissant noyer dans l’apathie générale. A trop vouloir se complaire dans ce paysage voilé et sirupeux qui ne différencie aucun des poèmes, Elsa Dreisig se montre distante et peu concernée par ce qu’elle doit dire : que raconte-t-elle de « Phydilé », qu’exprime-t-elle dans « September », vers où nous conduit-elle dans ce vertigineux « Abendrot » où chaque note est égrenée comme un long chapelet et où ne passe aucun frisson, ne se lit aucune interrogation métaphysique, alors que tout dans la musique de Strauss inspirée par les mots d’Eichendorff nous y convie inéluctablement ? Tout ceci aurait pu être évité et l’on regrette amèrement ces lectures soporifiques et lancinantes car la soprano a de beaux moyens, du souffle pour tenir indéfiniment ces barres de mesures inutilement étirées, une impeccable diction des idiomes français, allemands ou russes et des aigus qu’elle sait atteindre sans difficulté, notamment chez Rachmaninov. Alors laissons à cette musicienne lancée un peu trop prématurément sur le « marché », plus que jamais impitoyable, le temps de se reprendre et croisons les doigts pour qu’elle soit à l’avenir mieux entourée et surtout mieux conseillée si elle désire accéder aux plus hautes sphères de son art…

Cet article a été écrit par François Lesueur

Elsa DreisigJonathan Ware

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