Giacomo Puccini (1858-1924)
Tosca (1900)
Opéra en trois actes
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica
d'après la pièce Tosca de Victorien Sardou
Direction musicale: Bertrand de Billy
Mise en scène: Sir David McVicar
Décors et costumes: John Macfarlane
Lumières: David Finn
Mouvements: Leah Hausman
Cesare Angelotti Christian Zaremba
Sagrestano: Patrick Carfizzi
Mario Cavaradossi: Yusif Eyvazov
Floria Tosca: Anna Netrebko
Scarpia: Michael Volle
Spoletta: Brenton Ryan
Sciarrone: Christopher Job
Un pastore: Davida Dayle
Un carceriere: Paul Corona
C'était l’un des grands rendez-vous de l’année. Le MET de New York a accueilli les débuts de la soprano russe Anna Netrebko dans ce rôle si célèbre de Tosca, une partition de Puccini que chaque grand soprano digne de ce nom a dû aborder à un moment de sa carrière. La voix de Netrebko vit un moment qui en impose, avec des moyens généreux, larges et faciles, affichant sécurité vocale et facilité scénique. Padrona assoluta, ses débuts ne pouvaient pas être meilleurs qu’accompagnés par son mari Yusif Eyvazov sur scène, dans le rôle de Cavaradossi, avec une complicité évidente entre eux, dont le premier acte a clairement bénéficié.
Traduit de l'espagnol par Guy Cherqui
Texte original espagnol en cliquant sur le drapeau espagnol ci-dessus paru sur le site https://www.plateamagazine.com/
Fantaisiste et enjouée, avec une pointe de vulgarité, son portrait du personnage séduit dès les premières mesures quand elle fait irruption sur la scène, saluée par les applaudissements enthousiastes du public local.
Netrebko a préparé consciencieusement son rôle : il en résulte donc une analyse perspicace du texte, dont elle tire un énorme parti. Il y a dans son chant des détails de bon goût, certains aussi simples que de chanter ce qui est écrit, ni plus ni moins : ainsi du "Vissi d'arte", dont le climax se résout sans altérer les notes et le texte au gré de la respiration de l'interprète de service, comme c'est devenu habituel. Netrebko chante sur le souffle l'expression "Perché Signore" et finit avec une maîtrise exemplaire, laissant le public new-yorkais pétrifié. À peine peut-on lui reprocher une attaque quelque peu dangereuse sur le Do exposé de "Io quella lama", au troisième acte. Bravissima, en bref, dans ce nouveau rôle qu’elle ajoute à son répertoire, qui va sûrement désormais faire le tour du monde.
Ce début était accompagné, comme nous l'avons déjà mentionné, par son mari, le ténor Yusif Eyvazov, que nous devrions peut-être juger sur ses propres mérites, indépendamment de son statut matrimonial avec la soprano russe. Eyvazov offre une grande voix, bien timbrée et sûre dans la tierce aiguë, où il résout avec une facilité remarquable des moments aussi exposés que "La vita mi costasse" ou l'habituel "Vittoria, vittoria". Le timbre de sa voix n'est certainement pas le plus séduisant, mais c’est compensé par un phrasé plein de lyrisme et une grande sécurité dans le chant, qui affiche facilité et confiance.
Belle surprise que le Scarpia de Michael Volle, meilleur sans doute qu'il y a quelques années à Berlin. Sibylline, mélodieuse et élégante, son interprétation impeccable et puissante a clôturé une soirée d’étoiles, avec une équipe de seconds rôles à la hauteur.
La production de David McVicar est remarquable dans son concept. Un concept qui n'est autre que celui d'une proposition extrêmement traditionnelle, voire conservatrice, mais avec beaucoup de détails et une élégance évidente. Mutatis mutandis, quelque chose de similaire à ce que nous avons vu récemment dans sa Gloriana à Madrid. Bref, une Tosca digne du MET sans aucun doute.
Dans la fosse, un travail détaillé, limpide et poétique de Bertrand de Billy. Une vision peut-être à courte vue, mais qui a sûrement contribué à la sécurité de la représentation, en ajustant ses tempi au phrasé requis par les solistes. L'orchestre du MET était en bonne forme, en particulier bois et cordes, maîtrisant la technique et rendant aussi les couleurs et les textures.
Cet article a été écrit par Alejandro Martinez