Johan Sebastian Bach (1694-1772)
Messe en si mineur BWV 232
Orchestre et chœurs de l’Opéra National de Paris
Direction musicale: Philippe Jordan
Chef des chœurs: José Luis Basso
Kyrie
Gloria
Credo
Sanctus
Osanna
Benedictus
Agnus Dei
Genia Kühmeier (sopran
Elisabeth Kulman (alto)
Pavol Breslik (tenor)
Günther Groissböck (basse)
Belle idée que d’avoir choisi Bach et sa Messe en si pour prolonger en beauté l’immense travail élaboré avec les Choeurs de l’Opéra la saison dernière, sur deux ouvrages marquants de Schönberg. A l’unisson de celle des membres de l’orchestre, leur puissance et leur musicalité ont confirmé une nouvelle fois leur suprématie.
Le travail réalisé par Philippe Jordan et José Luis Basso avec le Chœur de l’Opéra National sur deux œuvres phare de Schönberg, Moses und Aron puis les Gurrelieder présentées avec succès la saison dernière, ne pouvait s’arrêter là. C’est donc assez naturellement que le choix du directeur musical s’est porté sur l’un des monuments de la musique sacrée, la Messe en si de Bach. Le Chœur occupe en effet le rôle principal dans cette œuvre testamentaire qui, à la différence des Passions, ne compte ni narrateur, ni soli d’importance.
Dans un répertoire inattendu qui allie ferveur et recueillement, Philippe Jordan surprend par la rigueur et la conviction qui émanent de sa direction, comme toujours très scrupuleuse. D’un geste sûr, empli de dévotion, le chef propose une lecture vigilante, sans excès, souple et aérée, l’orchestre traduisant avec d’infinies nuances l’intériorité de ces pages, où la flamme sacrée ne l’emporte jamais sur la ferveur de la célébration du rite catholique. Si le souci constant d’homogénéité prédomine, cette pièce étant formée d’éléments composés séparément bien avant d’être associés par le compositeur, il est encore plus perceptible pour les Chœurs. Comme dans l’opéra de Schönberg mis en scène par Roméo Castellucci sur la scène de la Bastille en octobre 2015, on admire la fermeté, la clarté et l’intelligibilité qui caractérisent chaque intervention, l’intensité des accents et la variété des couleurs faisant presque oublier l’extrême complexité de l’écriture du Cantor.
Occupant dans cette partition une place subalterne, les solistes réunis ici paraissent bien modestes auprès de ces géants !
La soprano Genia Kühmeier exécute pourtant joliment, mais peut être trop sagement, le « Christe eleison » suivi par le « Et in unum Deum » où vient se couler le beau timbre d’alto d’Elisabeth Kulman, dont le style noble illumine plus tard « L’Agnus Dei » de la section IV. Toujours en duo, cette fois avec Pavol Breslik, la soprano scintille lors du « Domine Deus », le ténor ne pouvant éviter l’accident pendant le « Benedictus » où son aigu se dérobe à deux reprises. Quant à la basse Günther Groissböck il plie sans difficulté son puissant instrument aux nécessités de la partition, livrant un exemplaire « Quoniam », accompagné par de somptueux cors.
© Elena Bauer/OnP (Orchestre de l'OnP)
© Christian Leiber/OnP (Choeur de l'OnP)
© Stefan Polzer (Elisabeth Kulman)
© Tina King (Genia Kühmeier)
Cet article a été écrit par François Lesueur