Wanderer

Menu
  • Opéra
  • Concerts
  • Danse
  • Théâtre
  • CD/DVD/Livres
  • Dossiers

Chroniques récentes

L'Europe musicale

Les Travaux et les Jours

« Être au présent »

Tableaux vivants

Le tuyau de Damoclès

Wanderer
⋄
Opéra
⋄
Inquiétants fantômes

The Turn of the Screw de Benjamin Britten, Opéra national du Rhin 2016/2017

Inquiétants fantômes

David Verdier — 5 octobre 2016

 

Benjamin Britten (1913-1976)
Le Tour d’écrou, opéra en deux actes avec prologue sur un livret de Myfanwy Piper d’après la nouvelle éponyme de Henry James.
Strasbourg. Opéra national du Rhin. 23 septembre 2016.

Mise en scène : Robert Carsen.
Réalisation de la mise en scène : Maria Lamont et Laurie Feldman
Décors et costumes : Robert Carsen et Luis Carvalho
Lumières : Robert Carsen et Peter Van Praet
Vidéo : Finn Ross
Dramaturgie : Ian Burton

Le Narrateur / Peter Quint : Nikolai Schukoff
La Gouvernante : Heather Newhouse
Mrs Grose : Anne Mason
Miss Jessel : Cheryl Barker
Miles : Philippe Tsouli
Flora : Odile Hinderer

Orchestre symphonique de Mulhouse
Direction musicale : Patrick Davin.

Opéra national du Rhin
19 place petit broglie strasbourg
Fiche du lieu
23 septembre 2016 à l'Opéra National du Rhin

the-turn-of-the-screw-photo-klara-beck-9909bd1474541406

 

Il faut rendre hommage à l'Opéra National du Rhin pour cette reprise du Turn of the screw, imaginé par Robert Carsen en 2011 au Theater an der Wien. Spectacle trop rare sous nos latitudes, il est ici servi par des conditions techniques et des interprètes remarquables. En faisant la part belle à l'utilisation de la lumière comme agent principal du drame, Robert Carsen et son éclairagiste Peter Van Praet découpent l'espace en une subtile variation continue de saynètes avec la couleur grise comme dominante. Objet plastique de premier ordre, la mise en scène et les décors (également signés Carsen) se coulent dans les contours de la nouvelle d'Henry James, en laissant en suspens la question d'une lecture unilatéralement fantastique ou naturaliste. La vidéo aidant, Carsen propose une mise en image de personnages dont la véritable nature échappe à l'explication rationnelle. En substituant à la thématique des fantômes un arrière-plan psychologique, il nous fait nous intéresser davantage à l'évolution des protagonistes, pris dans les rets d'un désordre (senti)mental.

Une seconde référence renvoie explicitement à la succession de cadrages qui, dans un film noir classique, contribuent à soutenir la tension. Si les hautes fenêtres et le parfum d'angoisse rappelle le Hitchcock de Rebecca ou The Lodger, on pense également aux intérieurs d'appartements peints par Edward Hooper ou, plus encore Vilhelm Hammershøi. Le dépouillement rejoint l'impression de vide et d'hallucination qui va comme un gant au rythme musical de l'opéra de Benjamin Britten, d'une concision mystérieuse qui ose parfois des langueurs quasi statiques.

En renvoyant en creux à une forme de silence et d'immobilité, on tourne autour des clés de l'intrigue de la demeure de Bly sans pouvoir les saisir. La séquence filmée illustre d'une façon assez crue la relation de Quint et Miss Jessel, possibilité parmi d'autres d'expliquer partiellement la situation énigmatique des protagonistes au lever de rideau. Victimes ou coupables, les enfants occupent le centre d'une action qui tourne en psychodrame pour la gouvernante et Mrs Grose.

Le plateau est dominé par la performance de Heather Newhouse, Gouvernante mêlant l'autorité de façade et la fissure progressive qui l'envahit au moment des apparitions fantomatiques avec cette projection très homogène qui fait merveille dans les échappées de la voix dans l'aigu. L'engagement de la soprano canadienne se propage à la Mrs Grose de Anne Mason, parfaite dans ce rôle d'intendante si peu maîtresse d'elle-même. Cheryl Barker campe une Miss Jessel à la fois virulente et charnelle, impeccable d'attaque et de ligne. Le Quint de Nikolai Schukoff pourra surprendre par une couleur vocale singulière qui pourrait laisser penser à une technique qui menace de se dérober dans les changements de registres. On privilégiera parmi les deux enfants l'interprétation de la jeune Odile Hinderer, malgré un anglais assez exotique et des intonations pas toujours assurées.

Patrick Davin offre de belles réjouissances en fosse, dirigeant d'un geste leste et engagé un effectif fixé par Britten au chiffre fatal de treize instrumentistes. Cette version de poche de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse tire brillamment son épingle du jeu, petite harmonie en tête et des cordes très homogènes.

 

 

 

Crédits photo : © Klara Beck

Cet article a été écrit par David Verdier

Benjamin BrittenOpéra National du RhinOrchestre symphonique de MulhouseRobert CarsenThe turn of the screw

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Langues

  • Français
  • English
  • Deutsch
  • Italiano

La newsletter du Wanderer

Publicité

Sur le blog du Wanderer

  • IN MEMORIAM PHILIPPE LABRO (1936-2025)
  • LA SAISON 2025-2026 DE LA STAATSOPER DE HAMBOURG
  • SCALA : LE NOUVEAU DIRECTEUR MUSICAL N’EST PAS CELUI QU’ON ATTENDAIT
  • LA SAISON 2025-2026 DE L’OPERA NATIONAL DE PARIS
  • LA SAISON 2025-2026 DE LA BAYERISCHE STAATSOPER DE MUNICH
Facebook Twitter
Contact
redaction@wanderersite.com
Twitter : @WandererSite
Facebook : Page du Wanderer

15, rue Général-Dufour
1204 Genève
Tel: +41 22 508 59 09
Crédits
© 2025 Copyright Wanderer
Admin
fr French
nl Dutchen Englishfr Frenchde Germanel Greekit Italianja Japanesepl Polishru Russianes Spanishsv Swedish